Après
avoir été la «Cendrillon de l’Afrique Occidentale Française», puis «le trait
d’union» entre l’Afrique blanche et l’Afrique noire, la Mauritanie est entrée
dans une zone de turbulences diplomatiques qui l’a menée à se trouver en
conflit avec le Sénégal, avant de tourner le dos à son versant sud puis quitter
la CEDEAO. De l’autre côté, les relations tumultueuses avec le Maroc, le
complexe initial ayant été entretenu, puis la malheureuse position dans la
guerre du Golfe ont mené le pays vers une impasse qui l’a obligé à explorer
l’impensable : les relations avec Israël. Du coup nous nous sommes
retrouvés dans la position de ce que nos politistes ont appelé «l’orphelin
géostratégique». Et toutes les appellations sibyllines – «Cendrillon», «trait
d’union», «Suisse de l’Afrique»…- ont cédé la place à l’inconfortable situation
du «ni, ni» (ni africaine, ni arabe).
Les
errements diplomatiques et le repli sur soi entamé à partir de la fin des
années 80, intensifié dans les années 90 pour devenir complet en 2000, ces errements
conduisent le pays à s’isoler et à s’absenter de tous les théâtres régionaux et
internationaux. L’extravagance des dirigeants, la paranoïa qui va les affecter
au cours de leur exercice et l’incapacité à sortir de l’isolement vont conduire
à une marginalisation catastrophique du pays. Parce qu’elle en fait un espace
perdu, incapable de refléter une image positive de lui-même ou de se trouver un
rôle dans ce qui se passe autour de lui.
Même
si la période de transition (2005-2007), puis celle du régime civil (2007-2008)
ont permis un retour – parfois folklorique – sur scène, il faudra attendre 2010
pour voir le pays redevenir ce qu’il a été : un partenaire incontournable
dans le règlement des problèmes de notre sous-région. Avec notamment les attaques
réussies contre les groupes terroristes basés au nord du Mali. Ce sont
effectivement les efforts «militaires» qui vont remettre le pays en scelle.
D’abord en changeant la donne stratégique dans la région et en faisant une
lecture qui s’avérera saine et juste de la situation à laquelle les choses
pouvaient aboutir. Ensuite en imposant notre pays comme un acteur
incontournable dans le règlement de ce qui allait devenir la crise malienne.
Aujourd’hui, personne ne pense sérieusement enclencher un processus sans la
Mauritanie qui semble avoir décidé en toute souveraineté de ne pas privilégier
la guerre au dialogue et de ne pas précipiter les choses avant de régler la
question de la restauration de l’Etat malien dont l’intégrité doit être
préservée.
Parallèlement
à cela, le Président Ould Abdel Aziz qui ne manquait plus aucun sommet ni
manifestation au sud du Sahara, va être le président du Conseil de Paix et de
Sécurité (CPS) de l’Union africaine. C’est à ce titre qu’il préside les comités
de règlement des crises en Côte d’Ivoire et en Libye. Plusieurs sommets se
tiennent à Nouakchott qui reçoit en grande pompe les chefs d’Etats africains.
Même si les velléités des vieilles puissances coloniales ont empêché d’arriver
à une solution africaine, il faut noter que la suite des évènements a donné
raison à la position et à la lecture faite par le CPS et l’Union africaine (UA)
à l’époque.
Quand arrive la crise malienne, la Mauritanie est un
pôle de stabilité sur lequel doit s’appuyer toute tentative de sécurisation de
la zone sahélo-saharienne. C’est pourquoi le pays est aujourd’hui un passage
obligatoire pour tous ceux cherchent une solution à cette crise sécuritaire.
Une situation à gérer avec humilité et adresse.