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mercredi 31 octobre 2012

La sortie de Messaoud


Depuis une semaine, des sites d’information qui prétendent à un certain sérieux écrivent (et réécrivent) que le Président de l’Assemblée, Messaoud Ould Boulkheir, a demandé au Premier ministre de lui donner un bulletin de santé du Président de la République. Dans un deuxième temps, les mêmes sites ont publié que le même Ould Boulkheir a menacé d’interpeller le Conseil constitutionnel sur la vacance du pouvoir.
C’est pourquoi son intervention marque un tournant dans le feuilleton de l’automne que constitue l’événement du 13 octobre. L’intervention du Président Messaoud devait être comprise dans ce contexte de rumeurs et de fausses informations, d’accusations aussi contre sa personne. Il a voulu, comme il l’a dit, rassurer les Mauritaniens sur la santé de leur Président. Il devait ajouter, pour être juste, ceux des Mauritaniens qui veulent être rassurés et il y en a heureusement. Parce qu’il y a aussi ceux qui ne cherchent pas à l’être et qu’il faut laisser se débattre dans les pénombres de leurs noires consciences.
Des anciens collaborateurs de Ould Abdel Aziz, abandonnés en cours de route, des anciens soutiens de Ould Taya, orphelins aujourd’hui d’un passé «généreux», des prédateurs d’antan toujours assoiffés de misères mauritaniennes, des jeunes fils-à-papas dont les pères ont sévi en leur temps, tous relayés par des sites «intéressés» parce que partisans, ont pu entretenir une atmosphère malsaine tout ce temps. L’intervention de Messaoud a éclipsé, voire annihilé les efforts et la stratégie de ceux-là.
Pour conclure en attendant le retour ici du Président de la République, on peut retenir deux choses : la continuité des services publics donc du gouvernement et la maitrise de l’élément sécuritaire.
Rien, absolument rien, n’a été perturbé dans la marche publique quotidienne. Les salaires ont été versés normalement la veille de la fête de l’Aïd, la prière s’est déroulée normalement sous la présidence du Premier ministre et avec la présence des personnalités qu’il faut : Président de l’Assemblée, ministres, ambassadeurs, personnalités civiles et militaires…
Mais là où les autorités ont excellé à mon avis, c’est l’absence de tout déploiement particulier dans les rues. Aucun dispositif n’a été déployé depuis le 13 octobre, ce qui a permis d’atténuer les effets dévastateurs des rumeurs savamment orchestrées et répandues à Nouakchott et à l’intérieur du pays. Et c’est tant mieux.
Le Président de l’Assemblée nationale s’est emporté face aux questions qu’il a ressenties comme des provocations. A travers lui, ce sont tous les acteurs politiques qui doivent savoir que les journalistes ne sont pas là pour leur faire des cadeaux, pour les caresser dans le sens du poil ou pour les encenser. Leur devoir est de les déranger, de les acculer et de les sortir de leurs réserves. A eux de se retenir, de se contrôler, d’esquiver les questions indésirables, de ne pas y répondre, de contre-attaquer mais dans la mesure du convenable… Heureusement que le Président de l’Assemblée a eu le réflexe de présenter ses excuses à la profession, une humilité qui demande un certain sens de la responsabilité qui fait défaut chez la plupart de nos hommes politiques qui nous reprochent parfois leurs échecs et leur manque de discernement. L’incident est clos mais il doit être le moment de repenser nos rapports les uns aux autres. Encore une fois, c’est aux politiques de revoir leurs copies…