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mercredi 22 août 2012

Dommage collatéral


Le Liban est entrain de payer le prix de sa proximité avec la Syrie. Prolongement «naturel» de ce pays, la patrie du cèdre ne pouvait éviter de se trouver au milieu de la crise syrienne. L’exacerbation du communautarisme, le poids de la guerre civile qui ne finit pas de finir (depuis quatre décennies), l’incapacité de la classe politique libanaise à sortir de la logique sectaire pour un projet national, tout cela a servi les protagonistes de la scène syrienne, lesquels veulent à tout prix prendre en otage toute la région. Pas seulement la Syrie, complètement détruite, mais aussi le Liban, l’Irak et probablement la Jordanie. Ce sont toutes les rancœurs, toutes les adversités, les inimités, les haines ancestrales qui vont surgir et qui vont embraser la région.
Tout le monde le comprend et évite d’aller plus loin que présentement. Chacun y allant par sa «petite» vision.
Les Occidentaux sont les premiers à évaluer les risques à leur juste valeur. Ils savent que la Syrie d’après Assad, ne peut plus être un allié, ni même un élément de stabilité de la région. Jusque-là, la Syrie avait pu exprimer sa différence et même son opposition aux visées hégémoniques sans grande peine. L’Occident sachant que le régime en place ne fera pas obstacle à ses plans (Irak, Palestine), il s’est contenté jusque l’année dernière d’accompagner, parfois de soutenir ouvertement Assad. Lequel avait pu, avec l’aide de l’Iran, faire des schismes islamiques ses premiers alliés dans la région. L’axe Téhéran-Baghdad-Damas aurait été dangereux pour Israël et ses alliés s’il avait eu le temps de se constituer réellement. L’Histoire retient que chaque fois que ces trois grandes aires ont été unifiées sous une même autorité, le monde a changé… Cette réalité historique est certainement prise en compte dans les projections et autres analyses des spécialistes occidentaux.
Ceux qui se battent actuellement sous le label «révolutionnaire» en Syrie sont essentiellement des combattants salafistes ayant pour les uns désertés les champs de bataille d’Irak, d’Afghanistan, du Mali, d’Algérie et même de Somalie. C’est vrai qu’ils fonctionnent avec l’argent du pétrole des pays du Golf, qu’ils sont encadrés par les experts des services américains, français et britanniques, mais ils ne rassurent pas pour autant Israël qui voit le risque d’établissement d’un Jihadistan à ses portes. D’où les tergiversations occidentales.
Personne n’est au fond dérangé par la destruction de la Syrie, encore moins par les morts qui s’y comptent désormais par milliers. Les émotions exprimées ici et là relèvent de la mise en scène. Ce qui arrive sert Israël dans l’immédiat parce qu’il élimine une source d’inquiétude et qu’il prépare le deuxième round de ce qui pourrait prendre l’allure d’une troisième guerre mondiale, au vu des implications internationales si l’Iran est attaqué. Parce qu’il s’agit là du prochain round. Après l’Irak, le Yémen, la Libye, l’Egypte, la Syrie…, ce sera autour de «l’ennemi principal» de tomber, c'est-à-dire l'Iran.