On
prête à feu Hassan II l’affirmation suivante : «A choisir entre un
bulletin météo et un rapport de police, je privilégie le premier. Il peut être
annonciateur de tensions». Pour le politique visionnaire qu’il fut, cette
sentence doit valoir sous tous les régimes des pays comme les nôtres, ceux qui
dépendent encore de la clémence d’un ciel souvent avare. C’est encore plus vrai
pour la Mauritanie où tout dépend de la pluie.
La
bonne humeur des gens, l’espoir de meilleures conditions, la bonne tenue du
cheptel, les verts pâturages… tout cela participe à une atmosphère faite d’optimismes
et d’indulgences. Les problèmes peuvent attendre, «les jours de sécheresse (de
disette) étant plus nombreux».
Nous
sommes dans la dernière dizaine d’août.
Si
vous demandez à ceux qui ont 45 ans et plus, ils vous parleront déjà de «tawdji»,
une espèce d’automne local qui commence avec les vents chauds et qui finit par
l’assèchement de la verdure, son «jaunissement». Les pluies d’août sont
réputées pour leur inconstance, leur «caprice» : on dit que la pluie d’août
mouille l’une des cornes de la vache sans toucher l’autre corne.
Pour
un plus jeune, la saison des pluies ne prend que vers la fin de ce mois. Depuis
des décennies, les temps ont changé, les prémisses annonciatrices de ces temps
et des saisons ont aussi changé. Il y a eu comme un décalage qui nous fait dire
que nous ne sommes qu’en début d’hivernage. Nos météorologues doivent penser à
nous édifier là-dessus.
En
attendant, peut-on espérer que notre encadrement national, que nos opérateurs
politiques – la politique étant ici une entreprise plus qu’un hobby non
lucratif -, que tous mettent à profit cet état de grâce fait d’espoirs après
une année de sécheresse, pour accepter de se retrouver autour d’un minimum
pouvant servir de tronc commun à un projet futur.
Nous
allons devoir oublier les «dégage» et les «reste», pour changer de registre et
faire de la politique. Faire en sorte de raffermir la démocratie, de faire
avancer le projet d’Etat en le refondant, de réhabiliter les Institutions de la
République, de renforcer le front intérieur par un minimum de cohésion
nationale…
C’est
possible et c’est à faire.