Le Président de l’Assemblée nationale, Messaoud Ould Boulkheir,
président de l’APP, a lancé une initiative dans laquelle il promeut la
constitution d’un gouvernement d’union nationale. On sait désormais que l’initiative
n’émane nullement de la Majorité qui l’a reçue plutôt comme une douche froide. Pour
ce qu’elle comporte de non-dit sur l’échec, ou du moins l’insuffisance, du
dialogue dans lequel Ould Boulkheir était une pièce maitresse. C’est qu’avec
son initiative, Ould Boulkheir semblait dire que les résultats du dialogue n’avaient
aucune signification tant que les partis de la COD ne sont pas impliqués dans
la gestion du pouvoir.
De leurs côtés, les partis de la COD étaient incapables de répondre
favorablement à cette initiative, eux qui demandent le départ d’un régime ne
pouvaient se permettre d’envisager de composer avec ce même régime.
Du coup, tout le monde a fait semblant de ne pas se prononcer sur l’initiative.
Chacun voulant ménager les humeurs du Président Ould Boulkheir. Même si chacun
des protagonistes a dit son dernier mot plus ou moins directement.
Le Pouvoir a répété qu’il n’y avait pas lieu d’envisager la
constitution d’un gouvernement d’union nationale. Que la crise dont on parle
ici et là est une vue de l’esprit qui relève de la propagande. Que la
démocratie avait besoin d’une Opposition forte et constructive.
La COD a signé quant à elle une charte dans laquelle elle a réitéré
sa volonté de faire dégager Ould Abdel Aziz. Poussant la logique de la
confrontation jusqu’à exclure toute démarche qui ne verserait pas dans cette
direction. Anticipant même sur les futures élections et rejetant d’y participer
dans les conditions actuelles.
Pourtant on continue de parler de cette initiative comme s’il s’agissait
d’une entreprise encore jouable. On peut penser que la société politique
mauritanienne peut trouver un terrain d’entente où, tout en exprimant ses
différences, elle tracerait un chemin commun. Pourquoi par exemple ne pas
envisager la perspective des élections comme une chance de tout reprendre sous
l’égide de la CENI, laquelle avant d’être une CENI est un comité de Sages ?
Pourquoi les politiques n’envisageraient-ils pas d’autres portes de sorties
pour eux-mêmes que celles qui les mènent droit au suicide ?
Si le Pouvoir doit comprendre que tout doit être
fait avec tous acteurs mauritaniens, ceux de l’Opposition doivent savoir qu’ils
n’ont pas les moyens de leurs intentions. La politique étant l’art du possible,
pourquoi ne pas explorer d’autres voies pour le pays que celle de la
confrontation ?