Parmi les chiffres révélés par le Président de la République lors de
sa prestation à Atar, un seul semble susciter le plus de scepticisme de la part
des observateurs et de certains milieux financiers : celui des réserves
qui atteindraient plus de 700 millions dollars. Et pour cause !
Jamais cet indicateur n’a atteint un tel niveau depuis que la
Mauritanie est sous ajustement. C’est un chiffre de rêve, disent les
économistes. C’est pourtant le seul chiffre sur lequel aucune polémique ne peut
être engagée. Pour une raison très simple : il est certifié par des
institutions spécialisées et par le FMI. C’est d’ailleurs la seule donnée pour
laquelle les missions du FMI n’ont pas besoin de la partie mauritanienne. Il suffit
de s’adresser aux auditeurs et aux certificateurs attitrés de la BCM, ceux qui
ont accès à ses comptes extérieurs notamment auprès de la Banque de France et
qui ont pour mission de les vérifier et de les certifier, pour avoir la donnée
exacte. Quand les missions arrivent en Mauritanie, elles ont déjà ce chiffre
certifié par les cabinets internationaux.
Des données objectives expliquent cette heureuse situation. D’abord
les entrées très importantes du secteur minier qui a connu un boom ces
dernières années, avec aussi une hausse importante des prix des matières
premières. Ensuite les ventes des produits halieutiques et une meilleure
maitrise de cette ressource. L’année 2011 a vu les céphalopodes vendus en
moyenne entre 11 et 12000 dollars la tonne. Les produits des ventes d’autres espèces
sont mieux suivis. Il y a enfin la hausse considérable des aides et apports des
partenaires extérieurs du pays auxquels il faut probablement ajouter la baisse
de la pression de la dette (initiative PPTE). Mais aussi la diminution des
importations certainement liée à une meilleure surveillance des frontières, ce
qui permet de limiter la réexportation qui pesait lourdement sur les avoirs de
la BCM.
C’est seulement en 2003 que les comptes de la BCM ont commencé à
être certifiés. Et c’est seulement en 2004-2005 qu’ils le seront sérieusement. Ce
qui a permis de découvrir l’usage des faux chiffres. C’est à partir de l’écart
relevé entre les déclarations officielles sur les avoirs extérieurs et la
réalité des comptes, que le FMI a découvert que la Mauritanie n’avait pas de
quoi couvrir ses besoins pour trois semaines, alors qu’elle déclarait pour
trois mois. La certification a permis de découvrir la malversation.
Il est donc impossible de mentir sur un tel chiffre. Ce n’est pas
la peine de le mettre en doute. Et à force d’insister, on peut paraitre
ridicule. Surtout pour des économistes…