C’est
la longue histoire de la possibilité de représenter ou non certains personnages
clés de l’Histoire du Monde Musulman. Pendant longtemps les exégètes ont refusé
que soient représentés au cinéma des hommes comme les Khalifes Rachidoune («les
quatre premiers successeurs bien guidés» du Prophète, PSL). C’est seulement
cette année qu’un groupe d’Erudits musulmans de renommée internationale ont
autorisé que la figure emblématique de Omar, le deuxième Khalife après le
Prophète (PSL) soit incarné par un acteur. C’est le grand feuilleton de la
saison qui retrace la vie et l’œuvre du Khalife Omar. Tous les compagnons du
Prophète y sont représentés.
Une
première quand on sait la polémique que cela a suscitée depuis toujours. La
sacralité des personnages faisait arguer le caractère illicite de leur
représentation. J’avoue avoir toujours «craint» de voir ces personnages-là
représentés. Je me rends compte aujourd’hui que toutes les appréhensions que j’avais
n’avaient pas de raison.
Omar
garde, malgré – et peut-être grâce à – cette représentation, une aura qui est
enfin incarnée et bien incarnée. Les Compagnons sont désormais des hommes à qui
l’on prête des visages et des attitudes dans la vie.
On
en oublie leur côté légendaire et on retrouve la réalité d’une société qui
cultivait la quête de soi par laquelle les meilleurs, les Compagnons, sont
devenus ce qu’ils sont devenus. Omar avait le tempérament et la conduite morale
du Musulman avant de l’être. Ce qui a fait dire au Prophète Mohammad (PSL) :
«Qu’Allah renforce l’Islam par l’un des Omar», en pensant plus à celui qu’il a
fini par surnommer «Al Farouq». Pour avoir été le premier à rendre publique sa
conversion et le premier à avoir appelé ses frères à venir à la Kaaba professer
au grand jour.
Le
feuilleton est aussi le lieu de suivre le cheminement des esclaves et des
déshérités de la Mecque de l’époque. A travers les amours impossibles de Wahshi
et Rayhana, à travers la ferveur de Bilal, l’on présente l’Islam comme source d’émancipation,
comme nouvel ordre imposant l’égalité entre les hommes. Une véritable
révolution qui est bien décrite.
Mais
le feuilleton reste une tentative de retracer la vie et l’œuvre d’un homme :
Omar Ibn Al Khattab.
Né
probablement en 584, Omar reçoit une éducation particulièrement forte. D’une
part, il est le guerrier intrépide, lutteur pour avoir appris les arts
martiaux. Il est, d’autre part, l’homme de lettres aimant la poésie et reconnu
grand tribun. Et comme les gens de sa tribu, il pratique le commerce et voyage
dès son jeune âge.
Omar
se convertit à l’Islam à la suite d’un incident qui l’amène à violenter sa sœur,
Fatima convertie à la religion prêchée par Mohammad (PSL). Sa profession de foi
sonnera comme un tournant dans la prédication. Elle fait sortir la faible
communauté des Croyants de la clandestinité vers l’espace public. Lui donnant
en même temps le courage de s’afficher et de défier les tribus hostiles.
Khalife, Omar sera le véritable artisan des conquêtes
hors d’Arabie. Après avoir vaincu Perses et Romains, il stabilise l’Etat en
créant des fondements sûrs, institutionnalise les rapports et surtout instaure
la Justice et l’équité. Ce qui fera dire à quelqu’un qui l’a vu dormir sous un arbre,
sans garde et sans protocole : «tu as été juste, tu as dormi pour cela tu es
rassuré».