Quatre hauts dignitaires du régime victimes d’un attentat suicide au cœur de
Damas, c’est le signe de la fin du régime Bechar Al Assad. Mais la fin du
régime signifie nécessairement la fin du pays.
Ce pays qui était le dernier à tenir tête devant les forces hégémoniques
occidentales, avec pour fer de lance Israël, ne représente plus de menace. On peut
ajouter que c’est le cas de l’Egypte, de la Lybie… Mais c’est en réalité plus
grave quand il s’agit de la Syrie. La Syrie sur qui s’adosse le Hezbollah, qui
est un relais pour l’Iran, soutien indéfectible de Hamas…
C’est fini tout ça. Quand on fait le bilan des «révolutions arabes», le
résultat est là : une mise à genoux de tous les régimes réfractaires à «l’ordre
mondial», soutenus par moments pas les grandes puissances, abandonnés à l’occasion
des «révoltes populaires» et au profit de pouvoirs qui ont gardé l’essentiel
des régimes honnis…
On ne peut pas regretter le régime syrien – ni le libyen, encore moins l’égyptien
-, mais le Monde Arabe mettra du temps à se relever des effets destructeurs de
ce qu’il est convenu d’appeler «le printemps arabe». Et, nous regrettons déjà l’écroulement
d’Etats entiers. La Syrie, la Libye, le Yémen, dans une moindre mesure l’Egypte
et la Tunisie… ne font pas le modèle. Ces pays se présentent plutôt comme
contremodèles. Quand on voit ce qui y arrive, on ne peut que craindre le pire
pour les pays qui suivraient cette voie-là.
Aujourd’hui, on peut constater que l’Occident a apprivoisé la contestation
islamique pour en faire un allié. D’où le recul de la «résistance» qui a été le
moteur des évolutions arabes ces dernières décennies. C’était toujours par
rapport à Israël, aux Etats-Unis et aux puissances européennes que se
définissaient les mouvements d’émancipation dans l’aire arabe. Voilà qu’aujourd’hui
la promotion de la prise de pouvoir par ces mouvements est le souci premier des
puissances hégémoniques. Que restera-t-il du bloc «du refus et de la résistance»
après ce cycle de révoltes ?
Avec la mise à genoux de la Syrie, il n’en reste pas grand-chose.