Abderrahmane
Ould Ahmed Salem, plus connu sous le sobriquet «Ahmed Toutou» du nom de celui
qui dessinait les plus belles figurines sur le sable, président de la Maison
des Cinéastes, m’a dit qu’il lance un programme, une production télévisée qui
va permettre d’ouvrir une fenêtre sur le rire.
Il
s’agit de sélectionner des artistes du rire et de les présenter au public pour
les juger. Je sais que Abderrahmane a du génie, lui qui a été à l’origine du
concept de «shi louh v shi» (théâtre) et de bien d’autres initiatives
heureuses, notamment la SENAF (semaine nationale du cinéma) qui célèbre la
production mauritanienne en l’inscrivant dans une manifestation ouverte à l’international.
Je
sais aussi que nous souffrons de constipation. J’ai toujours écrit que le recul
de la joie a été à l’origine de la plupart de nos malheurs qui ont marqué la
régression générale. Les Nouakchottois parmi mes lecteurs peuvent témoigner du
caractère festif des années 70 et même 80 de la ville. D’ailleurs ce n’était
pas la spécificité de la seule capitale. Rosso, Kaédi, Nouadhibou, Atar, Aïoun,
Kiffa… ont connu des heures splendides de partage et de communion.
Nous
avons eu trois décennies de tristesse absolue, d’attente sceptique, d’espoir
terni… L’origine de cet état d’esprit de constipé qui caractérise le Mauritanien
moyen. Plus le temps de rigoler, de décompresser… Rien qu’un air de faux
sérieux…
Si,
avec son émission, Abderrahmane Ould Ahmed Salem peut nous rendre le sourire,
ce ne sera que pour le bien du pays. En tout cas ce sera le vrai antidote de la
crise dont on parle et dont la première manifestation est cette faculté de provoquer
et/ou de garder le sourire.
Les
Canadiens disent que «le sens de l’humour a été donné aux hommes pour les
consoler de ce qu’ils sont». Ils disent aussi que «tu ris… tu rigoles… ou tu
dégringoles… !»
Cela
résume tout.