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samedi 7 juillet 2012

L’anonymat encore


J’ai toujours associé l’anonymat à une lâcheté avérée. Il ne peut en être autrement. Quand une personne prend la décision d’écrire, c’est pour exprimer une idée, une position, un état d’âme. On veut partager ce qu’on croit ressentir pour trouver chez l’autre un répondant quelconque. A la base, il doit nécessairement y avoir une forte dose de sincérité et une transparence absolue.
L’identité de celui qui écrit ajoute parfois à la crédibilité de ce qu’il dit. Elle renseigne au moins sur l’auteur et sur ses raisons. Elle adresse un peu ce qui est écrit et permet au lecteur de fixer l’idée et son auteur.
En signant avec un pseudonyme, c’est exactement ce que l’auteur veut éviter. Parce qu’il n’est pas prêt à assumer ce qu’il dit. Soit parce qu’il ne le pense pas vraiment. Soit parce qu’il le pense mais qu’il n’a pas le courage de l’afficher. Dans tous les cas, c’est l’expression la plus évidente de la lâcheté.
En Mauritanie, on pouvait comprendre, il y a quelques années, que quelqu’un signe avec un pseudo pour préserver ses intérêts. Il n’y a plus de risques aujourd’hui que tout ce qui est dit ne porte pas vraiment à conséquence. Alors pourquoi continuer à utiliser des pseudonymes qui finissent toujours par être identifiés ?
Il faut dire que les auteurs sont immédiatement identifiés parce qu’ils finissent fatalement par se trahir. L’excès de langage, les insultes proférées envers des individus ou des ensembles (tribaux, ethniques, régionaux, partisans…) servent d’abord des intérêts. Leurs auteurs entendent les «marchander», soit auprès de ceux que cela plairait, soit auprès du pouvoir pour l’amadouer et/ou lui rappeler qu’on existe et qu’il serait bien (peut-être) de se réconcilier les talents de l’auteur.
Si l’auteur ne s’arrange pas pour qu’on sache qui a écrit ce qu’il a écrit, ses objectifs ne seront pas atteints. Forcément, il finit par faire en sorte qu’on le reconnaisse. Et on le reconnait.
Reste pour lui la honte d’avoir été incapable d’afficher au grand jour ses idées sur tout et sur tous, la frustration de tous ceux qu’il a injustement insultés (individus, tribus, groupes…), la peur de devoir répondre de tout le mal qu’il a fait gratuitement… Il se révèle ainsi dans toute sa petitesse, sa mesquinerie naturelle, sa perfidie…
L’anonymat est le pire ennemi des libertés aussi. Parce qu’il enseigne la combine, la lâcheté, le travail dans l’ombre et parce qu’il va à contre-courant de la transparence et de la vérité. Alors ?