Le
politique éclipse l’économique. Ce ne sont pas les propos de la mission du FMI
qui vont retenir l’attention plus que le retrait-objection des députés de la
COD lors de l’ouverture de la session parlementaire, jugée illégale par cette
même COD sans pour autant empêcher ses élus d’y participer… Retrait en signe de
protestations contre les propos du président de l’Assemblée nationale…
La
mission du FMI a séjourné deux semaines dans notre pays. Deux semaines qui lui
ont permis de s’entretenir avec l’ensemble des segments de la société
mauritanienne : partis politiques (y compris opposition), société civile,
opérateurs économiques…
Il
s’agissait pour la mission de faire le bilant de 2011 et, en même temps, une
évaluation de la quatrième revue du programme Mauritanie. Elle aura permis d’enregistrer
les résultats satisfaisants de l’économie mauritanienne.
4%
de croissance du PIB malgré la sécheresse dont les effets ont fait baisser la
production agricole d’environ 30% et malgré aussi les effets de la crise
mondiale qui se manifeste par la hausse des prix des denrées alimentaires et
des hydrocarbures. L’augmentation de la facture énergétique a coïncidé avec une
baisse des prix de minerais sur le marché mondial, d’où la diminution des
revenus provenant de ces minerais.
5,7%
c’est le taux d’inflation enregistrée pour la période évaluée. Le FMI estime
que c’est là un niveau qui indique la maîtrise de l’inflation, en considérant
les chocs exogènes. Le déficit budgétaire équivaut à 0,2% du PIB, «reflétant un
très bon recouvrement des recettes, y compris celles générées par le secteur
minier, qui a plus que compensé les dépenses d’urgence occasionnées par le
programme de solidarité 2011». Pour dire que la mobilisation exceptionnelle des
ressources en vue de faire face aux effets de la sécheresse et de la montée des
prix, n’a pas détérioré de façon considérable les performances budgétaires.
503
millions dollars, c’est le montant des réserves actuelles. Ce qui couvre
environ 3,5 mois d’importations. Tout en entrant en jeu dans la stabilisation
de la monnaie. L’excédent de trésorerie au niveau intérieur est excellent. Ce qui,
aux yeux des experts du FMI, a permis à l’Etat de solder une partie importante
de sa dette intérieure. Mieux, les taux d’endettement ont considérablement baissé
atteignant 2,75% au lieu des 14% pratiqué durant trois décennies. Cela veut
dire que l’Etat n’a plus besoin d’emprunter, du coup les intérêts sur les bons
du trésor ont diminué. Ce qui ouvre la voie à l’utilisation des ressources
financières des banques pour des actions de développement. Les économies ont
permis à l’Etat de mobiliser 70 milliards d’autofinancements, utilisés dans les
projets d’infrastructures engagés un peu partout dans le pays.
Les
experts du FMI estiment que la bonne tenue des revenus miniers, l’excellence
des recouvrements des douanes et de la direction des impôts, expliquent
largement ces performances de l’économie mauritanienne. Même s’ils estiment qu’«il
faut plus pour réduire le chômage et la pauvreté». Le chômage est chiffré à
30%, la pauvreté à 42%.
Le
programme Emel 2012 a connu selon eux de grandes améliorations par rapport au
programme Solidarité 2011. Il s’agit d’une réponse d’urgence qui vise à
atténuer les effets de la sécheresse. Mais c’est l’enquête sur la pauvreté en
cours qui va déterminer les niveaux et les méthodes d’intervention visant à
améliorer les conditions de vie des populations.
Revenir
à la vérité des prix des hydrocarbures est l’un des objectifs fixés pour l’année
2012. Le FMI estime que la subvention profite aux couches riches et non à
celles vulnérables. C’est normal que les voix s’élèvent dans les milieux
politiques et journalistiques aisés qui sont les premiers à subir les effets de
la fin des subventions. Elles seront remplacées par des aides directes qui seront
versées en espèce aux familles les plus nécessiteuses.
La
détérioration temporairement des prix des minerais (-25%), la crise mondiale et
les aléas du climat n’empêche pas de voir l’avenir immédiat en rose. Les réserves
de change atteindront 520 millions dollars, soit 3,8 mois d’importations. L’inflation
ne dépassera pas 6%, tandis que le taux de croissance passera la barre des 7%.
L’occasion
pour la mission du FMI de féliciter les autorités pour la mise en œuvre des grandes
réformes. «On a enregistré d’importants progrès dans l’amélioration du climat
des affaires, de concertation avec le privé et d’élaboration d’un nouveau Code
des investissements».
Suite
à cette mission et vu le satisfecit exprimé, «nous comptons recommander au
Conseil d’Administration du FMI qui se tient le 4 juin prochain, l’approbation
de la quatrième Revue. Ce qui occasionnera des décaissements nouveaux au profit
du pays».