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dimanche 25 mars 2012

Maawiya, le retour ?


J’ai été frappé par le nombre de réactions que j’ai eue quand j’ai parlé du livre écrit par l’ancien président Maawiya Ould Sid’Ahmed Ould Taya. Comme je ne pouvais pas croire à une popularité réelle, j’ai commencé à me dire que la sortie du livre participait peut-être à un processus de restauration ou au moins «dépoussiérisation» d’une époque qu’on a liée à l’exercice d’un homme et qui a été réellement celui de plusieurs groupes.
C’était d’autant plus vrai à mes yeux que j’avais noté – et même commenté – les tentatives des plus significatifs de ses sbires de refaire surface, de blanchir la période et ses hommes. Ceux qui ont participé directement aux événements de 1989/90 et 91 sont réapparus sur scène, parfois devant les populations qui ont souffert leurs exercices, fustigeant les mauvais exercices actuels. Ils ont parfois osé faire des comparatifs qui sont allés jusqu’à dire : «le régime actuel est le plus mauvais que la Mauritanie a connu». Une façon de faire oublier les années noires de torture, d’exactions, d’exécutions sommaires, de jugements hâtifs, d’expropriations, de déportation, de prédation, de sac moral, de destruction de la cohésion sociale…  
Si j’en parle, c’est parce que quelqu’un m’a rapporté la scène suivante : l’autre soir, au cours d’une cérémonie de mariage, une griotte, visiblement sollicitée pour cela, a entonné un champ dédié à Maawiya Ould Taya, ce fut l’euphorie, des cris, des pleurs, de l’hystérie collective. Ce n’est pas anodin quand on entend tous ces discours et qu’on regarde les hommes qui les tiennent et qui sont actuellement les plus en vue sur la scène politique. On se dit que forcément il y a quelque processus en cours de relookage de l’homme et de l’époque. C’est récurrent chez nous.
Au milieu des années 80, quand la classe politique avait échoué à mobiliser le front intérieur en vue d’abattre le régime militaire, l’«on» est parti imposer le nom de Mokhtar Ould Daddah, le Père de la Nation, dans la scène. Un peu pour provoquer un mouvement populaire. Le coup d’Etat de 1984 devait interrompre le processus. Même tentative en 1995 quand feu Mokhtar a enfin accepté d’intervenir publiquement. Intervention venue un peu tard, et alors que la scène politique avait déjà ses leaders qui n’entendaient pas s’éclipser devant l’homme.
En 2003, et après plusieurs échecs devant le régime de Ould Taya, on a sorti l’ancien président Mohamed Khouna Ould Haidalla pour l’affronter. On espérait y trouver la personne qui pourra continuer la politique par la confrontation militaire. On prêtait à l’homme une grande popularité au sein de l’Armée, ce qui devait lui permettre de «ne pas se laisser avoir». On a vu ce qu’il en est advenu : en prison avant même les élections, puis jugé après.
Echec et mat.
Le retour sur scène, de plus en plus prononcé, de Ould Taya et de ses hommes peut-il signifier une nouvelle tentative de résurrection ?