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mercredi 21 mars 2012

Senoussi… reste, restera pas


On a appris hier soir qu’un avion spécial a quitté Tripoli pour Nouakchott où il a effectivement atterri vers deux heures du matin. Le vice-Premier ministre, chef de la délégation dépêchée à Nouakchott pour négocier l’extradition de l’ancien chef des renseignements de Kadhafi, a publié une information selon laquelle le Président Ould Abdel Aziz aurait été d’accord pour livrer Abdallah Senoussi aux autorités libyennes. Dans l’avion spéciale se trouvent, en plus de l’équipage, quelques personnages à l’allure de bodyguards… tout pour faire croire que la remise était pour aujourd’hui. Et qu’on en finisse.
Pour cette remise immédiate, deux soucis sont à prendre en compte : le premier est celui relatif à la nécessité pour les Mauritaniens de se plier aux termes de la Convention de Riad signée en 1983 et qui oblige tout Etat arabe à remettre les citoyens recherchés à tout autre Etat arabe ayant fait la demande ; le deuxième relève de la crainte de garder un prisonnier encombrant, recherché par tous et dont la mort, au fond, est souhaité par tous d’où la difficulté de le protéger.
Tout milite donc pour que nous croyions à un transfert imminent. Vers 13 heures, la délégation libyenne fait ses adieux au territoire mauritanien sans Senoussi. Le porte-parole de la délégation déclare la disponibilité de la Mauritanie à le livrer, après mesures administratives, à son pays d’origine. Très vite, la partie mauritanienne intervient auprès des médias pour tempérer l’optimisme des Libyens. Certains interlocuteurs vont même jusqu’à affirmer qu’il n’y a pas eu d’accord sur la question.
En fait, l’enquête ouverte par les services mauritaniens vient juste de commencer. Rien que la partie concernant le parcours de l’homme devrait durer quelques semaines. Suivront les questions relatives au traitement du dossier mauritanien par les renseignements libyens. Pendant des années, le pouvoir du colonel Kadhafi a essayé de prendre le pouvoir en Mauritanie. D’abord à travers des organisations politiques, estudiantines pour l’essentiel. Ensuite à travers des groupes paramilitaires formés ici ou en Libye. Et enfin à travers le financement de la vie politique en Mauritanie. Rares les hommes et les partis qui ont «refusé» l’argent du colonel. Mais beaucoup sont ceux parmi l’élite politique qui sont allés à Tripoli prêter allégeance au Guide de la révolution, plus ou moins publiquement.
Ensuite les enquêteurs devront passer à notre environnement immédiat. Au moment où éclatent les événements du Mali, il est important pour les Mauritaniens de savoir comment fonctionnait l’Appareil sécuritaire, avec il traitait et quel degré d’implication pour les autres pays. L’occasion de découvrir les autres théâtres d’opérations des renseignements libyens. Dans la foulée certainement, le soumettre aux multiples commissions rogatoires venant de France, d’Arabie Saoudite, du Maroc, des Etats-Unis, du Royaume Uni… tous les pays qui ont à affronter les redoutables renseignements libyens.