Quand on arrive à l’aéroport de Koweït city, on est frappé par le temps pris par les formalités d’entrée. Heureusement pour nous que nous sommes d’un pays où la gazra est une culture. Il est facile pour nous de faire semblant de ne pas voir la file et de passer directement au comptoir. Malgré cela, nous allons rester une bonne heure à l’aéroport. Quand on vient de Dubaï, on est frappé par la taille de l’aéroport de Koweït-city. Beaucoup d’asiatiques et d’européens. On entend très peu le parler du pays qui a visiblement été fortement influencé par les accents asiatiques.
En l’absence de l’autorité qui nous a invités – nous sommes trois journalistes -, c’est l’Ambassade de Mauritanie qui nous ramène vers la ville. Nous sommes reçus par l’Ambassadeur Hammadi Ould Meimou dans une belle résidence d’un quartier chic. Je pense intérieurement à toutes ces résidences et bureaux de nos représentations diplomatiques. Cela doit coûter cher mais cela en vaut la peine.
Nous sommes dans un pays essentiel dans le dispositif des financements arabes, dans un pays frère que nous avons blessé un jour…
C’était en 1990/1991 quand le Koweït avait été le théâtre d’une guerre qui a commencé par son annexion par son voisin du nord. Le gouvernement mauritanien de l’époque, aveugle et sourd, avait opté pour le soutien de l’agresseur. Il avait oublié les points communs entre le Koweït et la Mauritanie. Deux pays qui se retrouvaient au début des années soixante à la porte des organisations internationales, entrain de batailler pour une reconnaissance contestée par leurs puissants voisins du nord. Oubliée aussi l’accompagnement par le Koweït du développement du pays et de son ouverture sur le monde arabe. Le premier journal arabe à parler en long et en large de «cette terre qui abrite le dernier bastion de la civilisation arabe originelle», c’est bien la revue koweitienne «Al Araby» qui allait d’ailleurs coller au pays la fameuse appellation «le pays au million de poètes» (balad el milioune cha’ir).
La communauté mauritanienne vit bien ici. Des professeurs de langue, de sciences religieuses et de… Français. Des étudiants aussi. L’Ambassade semble avoir accompli un grand travail ces derniers temps. Cela va de la normalisation des rapports à leur développement. Le contact politique et social est entretenu entre l’Ambassadeur et les leaders d’opinion de la place.
Il existe des salons appelés «diwaniya» (pluriel : diwaniyat) animés chez les grandes personnalités politiques, tribales, économiques, militants de la société civile (j’y reviendrai)… C’est un moment social et politique dont profite l’Ambassadeur Ould Meimou pour imposer une présence effective du pays…