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lundi 12 mars 2012

Loin des yeux…

Partir pour le Koweït à partir de la Mauritanie, c’est un voyage… de Nouakchott à Casablanca, avec quelques heures d’attente… Puis aller à Dubaï pour passer le reste de la nuit et le lendemain seulement arriver à l’aéroport du Koweït. C’est toute une aventure…
J’ai rejoint mes compagnons à partir de l’aéroport Mohamed V de Casablanca. Nous avons pris le compagnie Emirates et malgré le confort, le voyage était lourd, harassant. Sept heures de vol jusqu’à Dubaï.
Un aéroport géant où l’on arrive à 2 heures du matin. Notre correspondance pour le Koweït est pour le lendemain à huit heures. Nous avons le temps de faire semblant de dormir, de travailler, de contempler le spectacle… Beaucoup de monde, des appels constants, des annonces, des avions qu’on voit au loin atterrir et décoller… Le Monde bouge.
Une pensée à un pays qui semble se plaire dans une paresse maladive. Loin de moi ce pays qui est le mien, ce pays que j’aime, qui fait partie de moi… Nous sommes le 12 mars. Je pense à cette journée qui n’a pas commencé là-bas. Elle sera longue, très longue pour moi. La perspective de la marche décidée par l’Opposition inquiète dans la mesure où les discours qui l’ont préparé étaient très durs, très enflammés. Elle voulait en faire no seulement la démonstration de ses capacités de mobilisation, mais aussi le «début» du processus «révolutionnaire» devant, selon les leaders de l’Opposition, mener inévitablement à la chute du pouvoir.
Deux voies pour cela : la rébellion populaire et/ou le coup d’Etat militaire. Pour la première perspective, le chemin n’est pas plus proche aujourd’hui qu’il ne l’était hier. Le peuple mauritanien n’aime pas l’inconnu. Il est certainement capable de violentes réactions mais jusqu’à présent cela n’a jamais été dans le cadre d’une sédition face au pouvoir. Et ce ne sont pas les discours mille fois ressassés qui vont l’exciter outre mesure. Le rapport de force dans la rue ne doit pas dicter le radicalisme mais «le compromis historique»…
L’Opposition qui appelle à la démilitarisation de la vie politique fête chaque ralliement d’anciens officiers. Nous les avons vu fêter l’arrivée dans le camp de l’Opposition les anciens colonels Abderrahmane Ould Boubacar, Mohamed Ould Lek’hal et Ely Ould Mohamed Val, l’ancien président du CMJD. Que peuvent faire ces colonels à la retraite pour faire bouger le seul outil de dévolution de pouvoir ayant fait ses preuves jusqu’à présent ? Entreprendre quelque chose qui ressemblerait au complot de juin 2003 quand de jeunes officiers avaient pu mobiliser une partie de l’Appareil sécuritaire du régime pour le faire trembler ? C’est oublier que la situation n’est plus la même. Ni les frustrations et les mécontentements au sein de l’Armée, ni la personnalité des hommes en question, encore moins le niveau de blocage politique et d’absence de perspectives économiques.
Et même si ces officiers ou d’autres réussissent à faire bouger l’Armée et qu’elle prenne le pouvoir, quoi après ? Un soutien sans réserve – acquis d’ailleurs à l’avance – du personnel politique «démocrate», un accompagnement, une légitimation d’un processus qui ne sera pas fatalement au profit de nos leaders politiques, encore moins de la démocratie. Après, il faut le répéter sans cesse, ce sont les mêmes qui ont assisté impuissants à la tentative du 8 juin 2003, incapables de réaction alors que le pouvoir était resté, deux jours durant, dans la rue. Les mêmes qui ont applaudi sans réserve le coup d’Etat du 3 août 2005. Pour certains d’entre eux, les mêmes qui ont préparé, légitimé, expliqué et soutenu ce qu’ils ont appelé «le mouvement rectificatif» du 6 août 2008. Les mêmes, cette fois-ci pour tous, qui ont accompagné le processus électoral né de l’Accord de Dakar. Toujours sans réserve. Alors quoi de neuf ?