Le 4 juin 2005, le GSPC (groupe salafiste de combat et de prédication) attaquait la garnison de Lemghayti et tuait une quinzaine de mauritaniens (les nôtres). Le 24 décembre 2007, AQMI (Al Qaeda au Maghreb Islamique, ancien GSPC) assassine quatre touristes français près d’Aleg. Le 27 décembre 2007, AQMI tue trois soldats mauritaniens (les nôtres) à Ghallawiya. Le 15 septembre 2008, summum de l’horreur, 11 soldats et un guide civil sont assassinés, décapités et leurs carcasses piégées, à Tourine. Il s’agissait là aussi des nôtres. Le 29 novembre 2009, le 15 décembre de la même année, des occidentaux sont enlevés sur les routes mauritaniennes…
Que la Mauritanie réagisse, on ne doit pas parler d’une «guerre mauritanienne», mais d’une «guerre déclarée à la Mauritanie». Laquelle des attitudes aurait été la plus dangereuse pour le pays : attendre et subir, se contenter dans ce cas de résister aux assauts ; ou reprendre l’initiative, essayer d’éloigner la menace et même d’y mettre fin ?
La Mauritanie a choisi de s’attaquer au mal. A sa racine. Le résultat est évident : certes AQMI continue à menacer, à frapper dans des lieux isolés comme ce qui vient de se passer à Adel Begrou. Il y a quelques mois, AQMI avait essayé l’expédition de Bassiknou qui s’est mal terminée pour ses combattants.
Il faut donc comprendre la recrudescence des activités AQMI, notamment les enlèvements, non pas comme une reprise de l’initiative, mais une tentative de donner l’impression. L’impression d’exister, de continuer à menacer. Se profile derrière aussi, la volonté d’avoir des boucliers pour se protéger contre la menace des Etats de plus en plus déterminés.
Pas lieu encore une fois de présenter cette incursion comme un échec de notre pays. Nous sommes déjà assez émus à l’annonce du rapt de ce gendarme qui n’est plus seulement le fils de sa mère, mais le fils de toutes les mères de Mauritanie, le fils de tous les pères de Mauritanie…
Je crois qu’il est utile aussi de rappeler que ces soldats qui meurent, que celui qui est kidnappé, sont des Mauritaniens, pas des soldats de l’OTAN considérés comme envahisseurs par les Afghans… ce sont les nôtres qui se trouvaient chez eux au moment des faits… et ce n’est pas un titre comme «un gendarme mauritanien kidnappé par les combattants d’AQMI», ce n’est pas ce titre qui permettra d’en faire un citoyen d’une autre contrée. Ce n’est pas non plus une telle attaque qui signe la consécration d’AQMI. Et ce ne peut être l’occasion pour un journaliste de donner l’impression de s’en féliciter. Pas du tout.