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jeudi 1 décembre 2011

Zones d’ombre sur le marché de l’aéroport


Nous l’avons écrit, d’autres comme nos confrères du Quotidien de Nouakchott (QDN) l’ont révélé – avec le même titre d’ailleurs -, le marché du nouvel aéroport de Nouakchott n’a pas révélé ses tenants…, ses aboutissants, on en voit déjà avec notamment le lancement de la mise en valeur des 150 hectares octroyés en plein milieu de la ceinture verte.
Ceux parmi vous qui empruntent la route dite «Sukuk», celle qui relie Tevraq Zeina à Teyarett, auront remarqué qu’une digue a été élevée sur le côté gauche de la route. C’est cette digue qui délimite le territoire attribué au Groupe Ahmed Salek, propriétaire principal de la société ayant eu le marché – avec une part pour le groupe Noueguedh (AON). 150 hectares dans cette zone et 250 hectares dans la zone de l’ancien aéroport, sa partie nord, celle qui donne sur les quartiers Dar Naim et Hay Essaken.
Le marché est donc un troc : pour une valeur de 260 millions dollars – c’est un chiffre donné au hasard, jamais dans les discours officiels du lancement des travaux, le chiffre exact ne sera donné.
Et quand les députés de l’Assemblée nationale ont interpellé le ministre des transports, Yahya Ould Hademine, celui-ci s’est contenté de louer les termes de la convention en donnant deux précisions : 2% des surfaces prévues dans le troc seront remis après la signature de la convention et 20% dès le début des travaux dans le nouvel aéroport, le reste à la fin des travaux, c’est-à-dire dans deux ans exactement.
Dans la dépêche de l’AMI couvrant l’évènement du lancement des travaux, on lit : «D'une superficie totale de 18.000 mètres carrés, le bâtiment principal comprend deux pistes pouvant accueillir les plus grands avions, y compris Boeing 747 et Airbus A380, avec une capacité d'accueil de plus de 2 millions de voyageurs par an. L'aéroport comprend un pavillon pour les voyageurs et un autre pour le fret, des parkings pour avions, des salons d'honneur présidentiels et autres ministériels, un hangar d'entretien d'une superficie de 4800 mètres carrés, une tour de contrôle de 38 mètres d'hauteur et 6 passerelles (satellites) de liaison avec les avions. Dans le cadre du plan de financement convenu, les dispositions adéquates seront prises, au plus tôt possible, pour installer les équipements de navigation, les équipements de pare-feux et les installations de carburant. L'aéroport qui permettra de créer plus de 800 emplois sera exécuté par la société Najah des grands travaux».
Le directeur général de Najah, la société bénéficiaire du marché, a précisé que le projet a été conçu par un bureau d'études américain spécialisé, réputé parmi les bureaux internationaux pour sa grande expertise pour avoir participé à la construction de plus de 90 aéroports à travers le monde. Lesquels ? Aucune réponse.
Il s’agirait d’un professeur américain spécialisé effectivement dans les grands travaux mais qui aurait été mobilisé par un partenaire saoudien qui pourrait être un ancien directeur de l’aviation civile saoudienne. Nous sommes obligés de rester dans le vague tant que les bénéficiaires et le ministère des transports n’ont pas accepté de donner les précisions nécessaires. En fait, ce serait le ministère des affaires économiques qui aurait dirigé toutes les négociations s’éclipsant seulement au moment de la signature de la convention.
Tout cela participe à la controverse alimentée par le blackout autour du projet. A quand une petite dose de transparence ?
En attendant d’en savoir plus sur les tenants et aboutissants – cette fois-ci - du marché, les bénéficiaires doivent savoir que ces sera le projet le plus suivi de l’Histoire du pays. A chaque étape, on se posera la question : où en est-on ? Sachez enfin que l’objectif des 2 millions de passagers traités par an ne sera atteint qu’en 2025 selon les études du projet. D’ici là, les 150 hectares de la ceinture verte auront été «mis en valeur», sinon éclatés en petits lots rapportant beaucoup plus qu’on peut imaginer. Exactement comme avec les grandes superficies octroyées en vue de la réalisation d’un projet touristique et qui, finalement, ont été vendues par petits lots à des particuliers. Pas si particuliers que ça d’ailleurs…