Voilà où mènent l’arrogance, l’entêtement et la foi aveugle en la violence. Voir défiler les images d’un Kadhafi «négociant» visiblement avec les rebelles qui l’ont arrêté, sans chèche ni turban, ce qui nous fait découvrir un crâne nu, sans cheveux, voir cette image appelle à la méditation.
Sur le destin, fatalement tragique, des dictateurs et autres adeptes de la violence et de l’exercice de l’arbitraire. Les fins tragiques de «nos» leaders – ceux qui s’imposent à nous comme symbole de la résistance à la domination impériale -, cette fin est toujours orchestrée de manière à devenir une humiliation de plus pour nous.
Si Saddam Hussein a finalement eu la mort que tout musulman souhaite pour lui-même (la shahada comme dernière parole), s’il a pu arborer un sourire provocateur exprimant le mépris pour ses geôliers, s’il a finalement été une victime d’une soif de vengeance sectaire et traîtresse (agissant pour le compte de l’étranger), ce ne fut pas le cas des autres.
Ni Ben Ali qui a fini par fuir son pays, ni Moubarak qui a dû simuler une attaque cardiaque pour s’éviter de faire face à ses crimes, ni Ben Laden exécuté en pleine nuit par un commando américain… et aujourd’hui Kadhafi qui s’est livré espérant visiblement avoir la vie sauve mais qui sera malheureusement exécuté par ses ennemis.
Le fait de l’exécuter lui rend un service immense. Cela empêche la fête d’être totale et générale. Cela laisse aussi quelque sentiment d’amertume en nous.
Certes on ne peut reprocher au peuple libyen qui a tant souffert les frasques du colonel, de lui en vouloir à mort. Mais il fallait éviter de faire le cadeau à Kadhafi de le laisser finir en martyr d’une cause, fut-elle la sienne.
Le trainer devant les tribunaux, le faire bénéficier d’un procès juste et équitable (contrairement à ses pratiques aux heures sombres de son régime), lui laisser la vie alors qu’il était capturé (contrairement à ce qu’il faisait)… tout cela aurait été une plus grande épreuve pour le dictateur et une belle leçon pour l’homme (s’il en est encore).
D’un autre côté, pouvait-on réellement affronter Kadhafi devant les opinions publiques ? Qui de l’alliance qui l’a fait tombé, qui sera épargné ? Entre ceux du CNT qui l’ont servi des années durant et ceux de la coalition internationale qui l’ont soutenu, accueilli, glorifié en en faisant un partenaire privilégié, entre ceux-ci et ceux-là qui pouvait risquer de le juger ?
Le problème des révolutions arabes qui n’aboutissent finalement pas, c’est d’avoir fait partir celui qui dirigeait un système qui a pu lui survivre. En fait de «révolution», nous sommes encore sevrés…
En attendant de voir la suite, la tragédie que vivent les peuples arabes continue…