Aujourd’hui prend fin le processus de dialogue engagé il y a près d’un mois. Même si l’absence de quelques grands partis d’opposition a quelque peu altéré l’importance de ce processus, il a été une réussite. Dans la mesure où tout été discuté. Dans la mesure aussi où un accord a été trouvé sur des réformes porteuses. Sur l’organisation des élections, sur le découpage électoral, sur les réformes constitutionnelles… Il reste beaucoup à faire qui doit attendre un plus large consensus, comme celui qui avait décidé des textes actuels (concertations de 2006).
A la clôture du processus, il est attendu que le pouvoir entreprend les réajustements nécessaires pour donner le gage de bonne volonté dans la mise en œuvre de l’accord. A commencer par le gouvernement qui doit nécessairement changer.
Certains ont parlé d’un gouvernement d’union nationale. Je ne crois pas que cela soit nécessaire. Ni le pouvoir, ni l’opposition n’en ont exprimé le désir. D’ailleurs la philosophie du dialogue était basée sur le principe de laisser le pouvoir exercer son mandat et l’opposition jouer son rôle de contre-pouvoir. Alors ?
Le Président Ould Abdel Aziz peut toujours garder son Premier ministre actuel. Le maintien au poste de PM de Ould Mohamed Laghdaf qui a été le premier interlocuteur dans la préparation du dialogue, évitera au futur gouvernement d’avoir à observer une période d’adaptation qui participera à retarder la concrétisation de l’accord. Comme il l’a conservé après les accords de Dakar, puis au lendemain des élections de 2009, le Président pourra garder son homme de confiance.
Il lui faudra alors changer profondément le gouvernement, notamment au niveau des départements les plus déterminants dans la mise en œuvre de l’accord. Dont principalement le ministère de l’intérieur, celui de la justice, le ministère secrétaire général de la présidence… Aussi quelques-unes des figures politiques trop engagées dans le parti au pouvoir et qui occupent des postes de hautes responsabilités dans l’administration et/ou des postes techniques (et pas politiques) doivent choisir entre le maintien de leurs responsabilités politiques ou celles techniques.
Les réaménagements devront avoir pour objectif d’introduire plus de compétence et d’indépendance au niveau de la haute administration. Surtout qu’en cette année de grave sécheresse, la lutte contre la mauvaise gestion doit nécessairement être réactivée.
C’est seulement en réhabilitant la compétence que l’on pourra «libérer» le pays de l’emprise du politique. Quand la politique cessera d’être une source de revenus, peut-être que les Mauritaniens se tourneront vers la production, vers ce qui est utile et qui reste.