Combien de fois dit-on, faut-il remuer sa langue dans sa bouche avant de parler ? Disons mille fois, voire plus.
Les révélations de WikiLeaks continuent de pleuvoir. Notre confrère alakhbar.info continuant de nous les servir traduits dans la langue de chez nous. La dernière révélation est celle faite de l’entretien accordé par le Chargé d’affaires américain le 9 mars 2009 au président du Front national de défense de la démocratie, Abdel Qudus Ould Abeidna.
Au-delà des appréciations que Ould Abdeidna a fait des hommes d’affaires qu’il cherchait à stigmatiser pour leur faire subir des sanctions américaines pour le soutien – supposé ou réel – au coup d’Etat d’août 2008, au-delà de cela, quelques remarques sont à faire.
D’abord cette tendance chez nos hommes politiques à toujours chercher à régler leurs comptes en allant sur un terrain extérieur. Je crois qu’elle découle d’une prise de conscience de la désaffection du public de ce genre de discours. Faute d’avoir un soutien intérieur, c’est de l’extérieur qu’on espère l’intervention qui pourra ouvrir grandes les portes du pouvoir.
Ensuite, cette extravagance inconsidérée qui marque les propos des hommes politiques. Comme s’il n’y avait pas de lendemains, comme si la vie ne continuait pas. Cela provient probablement de leur vision circulaire de la marche du temps. Ils ne croient pas que le temps avance, mais le perçoivent comme une roue dont ils cherchent toujours à escalader le haut, et à y rester.
Enfin, il y a cette volonté de vouloir tout instrumentaliser. L’homme d’affaires qui utilise la politique – et la diplomatie – pour éliminer ses concurrents, ou ceux qu’il croit être ses concurrents. Les hommes politiques forts d’une «légitimité historique» pour avoir combattu la dictature de l’avant-août 2005, et qui se retrouvent épaulant leurs bourreaux d’hier pour les aider à «se blanchir» (de blanchiment), finalement à gommer le passé.
Ould Abeidna peut toujours présenter des excuses, nier carrément les propos ou ignorer l’évènement pour ne pas donner l’opportunité d’une mise à jour des propos. Restera à savoir si le président du FNDD avait été mandaté pour dire ce qu’il a dit au nom des autres ou si c’est une position personnelle qu’il a exprimée profitant de son rendez-vous avec le très actif Dennis Hankins, Chargé d’affaires de l’Ambassade des Etats Unis à l’époque.