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vendredi 23 septembre 2011

Pourquoi précisément «depuis quatre ans» ?

On nous dit que l’opposition participant au dialogue a demandé un audit des quatre dernières années. Le forum est justement un lieu où chaque partie peut tout demander en insistant sur l’essentiel. On pouvait demander que cet audit couvre toutes les institutions de la République. Ceux de la Majorité auraient pu demander un audit de l’institution de l’opposition, de l’Assemblée nationale, des partis politiques ayant bénéficié de l’argent public selon leurs quotas électoraux… Cela aurait toujours surpris pour la limitation dans le temps. Pourquoi quatre ans ? Pourquoi quatre ans seulement ?
Il est clair que c’est bien la gestion sous le régime de Ould Abdel Aziz qu’on vise ici. Alors que ce n’est pas la période qui a coûté à la Mauritanie. Il faut viser les périodes précédentes, celle de Ould Taya particulièrement, accessoirement la transition sous Ould Mohamed Val, arriver à Ould Cheikh Abdallahi et enfin à Ould Abdel Aziz. Si la majorité des acteurs politiques en activité présentement ne peuvent pas – et ne veulent pas – demander un audit de la gestion des trente dernières années, c’est qu’elle les a impliqués.
Quoi qu’on dise, il faudra un jour parler des 132 milliards «soldés» par un accord entre le ministère des finances et la BCM qui a finalement, au terme de l’accord, pris en charge le déficit du trésor qui était en 2005 à ce niveau-là. Parler de la centaine de milliards «donnés» par simple jeu d’écritures. Des 12 milliards de la SONIMEX derrière lesquels l’autorité judiciaire court encore… Sans aborder ici les financements de projets qui sont devenus belles demeures à Tevraq Zeina ou dans les bleds perdus, troupeaux exerçant une pression de plus sur les maigres pâturages, villas ou appartements à l’extérieur (Maroc, Espagne, France…), devises en comptes en banque à l’extérieur, mais aussi source de profits pour les casinos d’Espagne, du Sénégal, du Maroc…
Ces détournements sont énormes. Ils ont compromis à jamais le développement du pays et doivent faire nécessairement objet d’un audit un jour. On ne peut les solder au titre de pertes et profits. On ne peut pas. On voudrait bien, mais ce n’est pas possible.
Tous les passifs – humanitaires et/ou économiques - ne peuvent être soldés sans prix à payer. Ce prix est un procès du passif qui ne peut être occulté.
La tactique des prédateurs de l’avant-2005 (et des après) a été de se retrouver un peu partout pour investir le champ politique et se présenter avec une virginité conquise à faible prix. Il a suffi de «ne pas raser les murs», de rejoindre même provisoirement le camp «qu’il faut» pour se voir blanchi. Ils ont ensuite cherché à faire oublier tous les méfaits aboutissant à la phase actuelle qui voudrait solder définitivement les comptes d’avant. Ceux qui ont coûté et qui coûtent encore au pays…