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dimanche 18 septembre 2011

La place du Maroc est au cœur du Maghreb


Lancée par les pays du Golfe en juin dernier, l’invitation faite au Maroc de rejoindre le club fermé des monarchies arabes n’a pas suscité de grands enthousiasmes dans le Royaume Chérifien.
D’ailleurs, le ministre marocain des affaires étrangères, M. Taib Fassi Fihri a publiquement déclaré que «les relations avec les pays du golfe revêtent une grande importance pour le Maroc notamment sur les plans stratégique, économique, politique, humain et culturel», mais que le pays «continuera à encourager le dialogue entre les pays de l'Union du Maghreb Arabe (UMA) et ceux du CCG». Profitant de sa sortie pour faire un parallèle entre les deux regroupements. Soulignant que l’expérience du Conseil de coopération du Golfe peut bien profiter à l’UMA, encore en retard sur le plan de la coopération économique et commerciale. Le dialogue entre l’UMA et le CCG "nous donnera l'opportunité dans la région maghrébine de mettre à profit cette expérience", a ajouté le ministre.
Noble démarche que celle-là, même si l’on sait par ailleurs que les conditions offertes par le CCG au Maroc en cas d’adhésion sont peu bénéfiques et quelque part humiliante (inégalité de traitement des ressortissants notamment). Le Maroc exprime ainsi son attachement à la construction d’un Maghreb uni et choisit donc de rester fidèle à son «environnement» géopolitique. En ces temps où la fidélité dans les engagements est peu visible, la position du Maroc est louable.
Elle répond à une double exigence. Celle de l’appartenance et celle de la «vocation» naturelle et historique.
Le Maroc n’est pas la Jordanie, même si les deux familles royales dans les deux pays descendent du Prophète (PSL), elles n’ont pas le même ancrage dans les consciences populaires de leurs peuples et des peuples de leurs régions respectives.
Sur les marches occidentales du monde musulman et à un moment de flottement au sein de l’Empire islamique, est née la Monarchie Alaouite. Elle a fédéré un ensemble de peuples du nord-ouest africain et a pu asseoir une autorité qui a survécu à toutes les secousses (du fait colonial, de l’affrontement des blocs, des tentatives de putschs, des difficultés économiques, de l’adversité des voisins immédiats et lointains).
L’ancrage historique, renforcé par la résistance aux temps et aux aléas, s’est traduit par une plus grande légitimation du pouvoir Alaouite. Rien à voir donc avec des monarchies, récentes pour la plupart et rarement aussi bien ancrées au niveau social et aussi bien légitimées au niveau politique.
La révision de la Constitution et le lancement, à l’occasion, des bases d’un Maroc nouveau prouvent l’exception marocaine par rapport aux régimes arabes en général, aux monarchies arabes en particulier. Sans grandes ressources – en tout cas n’ayant pas les ressources des monarchies du Golfe -, le Maroc aspire aujourd’hui à s’ouvrir grandes les portes de l’Union Européenne. Il a opté pour une Modernité tous azimuts : du système politique (en renforçant les institutions et en visant une monarchie parlementaire adaptée aux réalités socio-historiques du Maroc), des rapports sociaux (abolition des privilèges et renforcement des contre-pouvoirs comme les syndicats), de l’éducation (système performant adapté aux besoins du pays). Le Maroc d’aujourd’hui présente une image aux couleurs prometteuses. L’image d’une Nation qui s’assume, par son enracinement dans l’authenticité et son ouverture résolue sur le monde moderne.
Le Maroc d’aujourd’hui est une vitrine pour le nord-ouest africain sur l’Europe, ce partenaire obligé et encombrant. Cette position de vitrine, c’est d’abord une question de vocation. Une vocation amplifiée par l’Histoire qui a fait du Maroc un pays d’ouvertures et d’accueil.
Ce Maroc-là ne peut exister en dehors de l’espace maghrébin dont la construction est freinée par la persistance du conflit du Sahara, véritable blocage devant la constitution d’une union du Maghreb arabe. La réponse du Maroc à l’invitation du CCG trouve ici tout son sens… et sa justesse.