Messaoud Ould Boulkheir et Boydiel Ould Hoummoid… deux noms qui sont aujourd’hui l’objet d’un lynchage public de la part de signatures anonymes, comme c’est toujours le cas dans notre pays où, depuis plus de deux décennies, la lâcheté est une valeur largement partagée au sein de la classe «active» sur la scène. Peu importe qui est derrière parce qu’il n’a pas le courage de s’afficher et d’assumer ce qu’il écrit.
Les deux hommes sont une objection de conscience (qu’on le veuille ou non) à nombre d’acteurs de la politique locale.
Parce qu’ils ont accepté de se lancer dans le processus de dialogue, ils laissent espérer que ce processus a toutes les chances d’aboutir même s’il va falloir compter sans d’autres, au moins pour un premier temps. Ce qui ajoute au sentiment de culpabilité de ceux qui ont déjà l’impression de rater un départ.
En s’engageant aussi dans ce processus, les deux hommes qu’on veut confiner dans une représentation «particulariste» (Haratine) et qui dépassent largement cette dimension, réduisent à néant l’espoir de voir s’enclencher la «révolution espérée» par les uns. Leur présence dans le processus rassure sur la suite à donner à la démarche visant à travailler en vue d’une convergence pouvant mener à bon port le processus démocratique qui ne finit pas de «transitionner».
Chacun des deux hommes traine derrière lui une expérience politique, syndicale de lutte qui va lui servir à apporter une expertise en matière de réformes du système politique, électoral en particulier. Chacun sait, de par son expérience des hommes, que le Président Ould Abdel Aziz ne perd rien en cherchant à asseoir un système politique stable et équitable. Chacun d’eux a compris que l’intérêt de la Mauritanie était là où les acteurs pouvaient se retrouver et fixer ensemble quelques règles du jeu.
Je suis personnellement persuadé que le parti UFP de Mohamed Ould Maouloud attend d’être rassuré sur les vraies intentions du pouvoir pour s’engager dans le processus. C’est encore plus valable pour Tawaçoul. Tous deux ont fait de la culture du dialogue un dogme que leurs directions politiques ne peuvent renier. N’oublions pas que l’UFP a ouvert un dialogue avec Ould Taya, sans préalable et sans garantie. Parce qu’il s’agissait d’un «compromis historique» dicté par l’orientation de base du parti.
Ce ne sont pas les ressentiments et les mauvaises expériences vécues les uns avec les autres qui doivent empêcher les leaders politiques de voir que l’intérêt de la Mauritanie est là où peut mener la concertation et le dialogue. Pas là où mènent rejet et haine.
La pratique de tous les jours servira à démontrer la bonne volonté du pouvoir. Notamment à travers l’ouverture effective des médias sur les acteurs politiques, la recherche de l’implication de tous par l’insistance auprès de ceux qui hésitent, l’apaisement de la scène, l’activation des passerelles de contact entre toutes les parties… Avec un effort sensible, peu de formations accepteront de se rester au bord de la route. Et ce sera tant mieux.