Il s’appelle Anders Behring Breivik, il est norvégien et âgé de 32 ans. Il vient d’entrer dans l’Histoire pour avoir massacré près d’une centaine de personnes. D’un coup. Au nom, visiblement de ses choix politiques et idéologiques.
Les enquêteurs le décrivent comme un extrémiste affichant au grand jour son islamophobie et sa haine farouche pour le «multiculturalisme qui mine la Norvège». Il anime des pages sur les réseaux sociaux Internet où il défend ses idées et s’explique. C’est ainsi qu’il définit ses ennemis : «l’Islam qui a provoqué la mort de 300 millions de personnes», «le Communisme qui en a tué 100 millions» et «le Nazisme responsable de 6 à 20 millions de morts». L’amalgame qui fait le caractère premier des fascistes, des illuminés en général. En décembre 2009, il écrivait qu’il «n’existe pas un seul pays au monde où les Musulmans ont réussi à vivre pacifiquement avec des non-musulmans».
Vendredi, Anders Behring Breivik se rend sur l’île d’Utoya où se tiennent les réunions d’été du parti travailliste norvégien et commet un véritable massacre.
Déguisé en policier, il paraissait rassurer les participants qu’il invitait à venir à lui avant de les abattre avec son fusil d’assaut M16 et son pistolet Glock qu’il rechargeait régulièrement. Le monde de l’image retiendra cette scène où un jeune homme l’implorait en vain de le laisser en vie.
En même temps que le massacre se déroulait sur l’île paradisiaque transformée en enfer, le temps pour le tueur d’accomplir sa «mission», il faisait exploser un bâtiment en plein Oslo. Etaient visés, les bureaux du Premier ministre norvégien et les locaux d’un journal libéral (comme toujours).
La personnalité du tueur intéresse les enquêteurs qui ont découvert un fasciné par les jeux vidéo violents, militant de causes extrémistes, se définissant comme «un chrétien conservateur», «un protestant en croisade». Fan de Conan le Barbare, il a été militant du parti norvégien d’extrême droite, le Parti du Progrès (Fremskrittpartiet, FrP) au discours populiste.
Selon l’écrivain Stéphane Bourgoin (58 ans, spécialiste reconnu des tueurs de masse et tueurs en série), interrogé par Le Parisien, «le tueur de masse avance toujours de faux prétextes religieux, politiques, ce qui semble être le cas ici. Cet homme s’est défini comme un fondamentaliste chrétien. Depuis la tragédie de Columbine aux Etats-Unis en 1999, le crime de masse est devenu un crime d’imitation. Les tueurs sont souvent habillés de noir, vêtus d’un treillis ou d’un costume de l’autorité. Ils postent de nombreux messages sur des forums Internet annonçant leurs actes. Le réseau Internet où ils se mettent en scène est l’occasion pour eux de laisser un testament numérique.»
Là-bas quand un homme commet un tel acte, une telle barbarie, il est l’objet de toutes les analyses. Qu’en est-il chez nous ? Savez-vous ce qui a poussé quelques-uns des jeunes de Nouakchott à devenir des kamikazes au service de AQMI ? Pourquoi deux ou trois jeunes marabouts, ressortissants du Ksar, ont assassiné froidement un américain qui rendait des services à leurs compatriotes ? Pourquoi trois jeunes d’origine sociale diverse ont-ils froidement assassiné des touristes qui ne faisaient que passer ?
Nous n’avons pas cherché à savoir. Ce genre de cas, nous préférons le taire. Oubliant qu’il s’agit d’un traumatisme social qu’il va falloir un jour traiter.