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mercredi 6 juillet 2011

Encore la «guerre par procuration» ?


A peine l’épisode de Wagadu terminé, que Al Qaeda au Maghreb Islamique (AQMI) lance une offensive de grande envergure contre la Mauritanie. 17 voitures transportant probablement quatre personnes chacune, au moins un 14,5 monté dans le pickup, un ou deux RPG 7, en plus d’une arme individuelle par élément. Beaucoup trop pour une garnison sensée être au bout du monde, loin de tout renfort.

Le projet de l’attaque contre la garnison de Bassiknou est ancien chez AQMI. Mais chaque fois il a été reporté parce que les Mauritaniens ont su anticiper. On se souvient que le groupe neutralisé en juillet 2010 avait pour destination cette garnison. Que celui accroché à Hassi Sidi (Mali, toujours) avait aussi pour objectif la destruction de cette garnison. Que la base en construction à Wagadu était destinée à rapprocher les bases de départ des éléments combattants de AQMI de leurs objectifs dont la garnison. La dernière opération mauritanienne a remis en cause le timing et les plans de l’organisation terroriste. Alors en désespoir de cause, le commandement AQMI a décidé de tenter le tout pour le tout.
Le calcul était visiblement simple : les troupes mauritaniennes sont encore à Wagadu, si elles ne sont pas entrées à Nouakchott, la garnison est donc facile à neutraliser. L’occupation de la ville de Bassiknou est possible dès lors que l’élément militaire est neutralisé. Crier victoire ensuite. Faux calcul.
L’Armée, grâce à ses réseaux, avait localisé le groupe dès le matin. Elle avait pu en prévoir la destination et s’était organisée en conséquence. Quand la bataille est engagée – sur initiative mauritanienne – les unités légères des GSI (groupe spécial d’intervention) présents dans les environs prennent à revers les assaillants. L’aviation dont deux appareils étaient prêts à s’envoler à partir de Néma toute proche, entre en action. L’intensité de l’accrochage dure environ 45 minutes. Les terroristes décrochent. Commence la course-poursuite dans le territoire malien. Aux dernières nouvelles, elle a duré jusqu’à ce matin.
Rien d’officiel n’est encore publié. Même s’il faut saluer l’empressement des autorités à donner l’information. Moins d’une heure après le décrochage des agresseurs. Voilà ce qui a stoppé toute spéculation sur ce qui s’est passé. Et voilà aussi pourquoi ni RFI, ni l’AFP n’ont eu recours à «notre ami Serge» (Serge Daniel, celui qui fait parler les gorges profondes). Tout le monde y gagne. Le public en sachant qu’il aura l’information en temps réel, les autorités jouant la transparence et les journalistes qui ne se cacheront plus derrière le prétexte du «black-out des autorités».
Pour revenir aux évènements d'hier, il y aurait une vingtaine de morts dans les rangs des agresseurs. Dont l’un des chefs algériens des Katibas. Cinq voitures appartenant aux agresseurs auraient été détruites sur place. Dans le camp mauritanien, on dénombre cinq blessés dont un «choc psychologique» plus que blessure physique. On parle aussi de complicités possibles de civils qui se trouvaient au moment des faits dans la ville de Bassiknou. Des personnes auraient été arrêtées à cause de cela.
Il y a peu, certains de nos politiques péroraient sur «l’aventurisme d’une guerre par procuration menée par la Mauritanie» pour servir les intérêts de certains occidentaux. Dans son communiqué de revendication, AQMI reprenait cette argumentation et se l’appropriait. Et maintenant que vont dire nos amis politiques pour anticiper les justificatifs de cette organisation ?