La politique est un sport national chez nous. Tout celui qui ne peut rien faire ou qui ne veut rien faire, se convertit en politique. Jusque-là, la politique a été une source de revenus. Elle a donc occupé à moindres frais. Surtout que, comme elle est pratiquée ici, elle ne demande aucune compétence particulière.
De la pratique politique, nous avons hérité cette propension à noyer nos idées, nos intentions, notre action dans un flot de paroles mille fois rabâchées et qui ont fini par ne plus vouloir dire grand-chose pour nous. Du coup on oublie l’essentiel.
L’essentiel, c’est de savoir qu’avec nos 135.000 hectares de Chemama, et près de 400.000 ha cultivables sous pluie, nous importons encore les légumes du Maroc, parfois du Sénégal, et pour les plus nantis d’Europe. Qu’avec nos eaux «les plus poissonneuses du monde», nous en sommes encore à importer les sardines d’Espagne, le thon de la France… Qu’avec le minerai le plus riche en fer, nous importons notre fer à béton. Qu’avec notre importante ressource animale, nous importons le lait…
L’essentiel c’est de savoir que le premier problème du haratine aujourd’hui, c’est d’abord l’accès à la propriété. Que pour cela il va falloir revisiter la loi domaniale qui a été une révolution à son époque (son principe étant : «el ardu liman ahyaaha», la terre appartient à celui qui la fait vivre, travailler).
L’essentiel c’est de savoir qu’il n’existe pas un village, un hameau, une ville qui n’a pas encore un problème d’eau, d’électricité, d’éducation, de santé…
L’essentiel c’est de savoir que ce ne sont pas les trois à quatre cents personnes qui s’activent à Nouakchott qui font la Mauritanie. La Mauritanie c’est celle du labeur, celle qui est encore loin derrière. Celle qui a encore besoin d’eau, d’électricité, de soins, d’éducation…