Le 11 juin dernier, le président sénégalais réitérait sur RFI son appel à Kadhafi de quitter le pouvoir, reprenant son «conseil appuyé» au Guide libyen : «Plutôt tu partiras, mieux ça vaudra». Un conseil qui vaut pour tous ces chefs d’Etats qui s’agrippent au pouvoir et qui semblent servir de modèle à «Gorgui»…
Dans cet entretien avec RFI et pour se défendre d’avoir agi en dehors de la volonté africaine, le président Wade a déclaré qu’au cours du sommet d’Adis, la majeure partie des chefs d’Etats présents s’étaient prononcé pour demander à Kadhafi de partir. Seul le président Aziz s’était opposé, selon lui, à ce que la demande figure expressément dans la résolution de l’UA. Ce qui est faux. Quand le président Wade a pris la parole pour fustiger Kadhafi et la Libye du Guide, c’est Yoweri Museveni qui a pris la parole pour s’opposer à sa démarche. Il a rappelé les rapports de son pays, l’Ouganda, avec la Libye, ses trois guerres contre des protagonistes financés par Kadhafi, son opposition à son projet de gouvernement d’Union africaine lors du dernier sommet auquel il avait participé. «Qui l’a soutenu en demandant la mise en place immédiate d’un gouvernement africain ? qui l’appelait le Guide et lui accordait tous les attributs de grandeur ? qui le recevait en grande pompe et se pliait devant sa volonté ? le doyen Wade…», a-t-il répliqué en substance aux propos de Wade. Après cette intervention, les chefs de délégation se sont concentrés sur la feuille de route de l’Union africaine qui reste l’expression de l’Afrique unie. Pour une fois, les africains ont exprimé une position indépendante par rapport aux forces de domination, il y a de quoi être fier nonobstant le reste. Que Zuma se cherche un rôle distinct, on peut le comprendre car il veut bien capitaliser ce rôle dans sa course pour le poste de membre permanent du Conseil de sécurité représentant le continent noir. Même s’il oublie quand même qu’il ne peut tirer sa légitimité que de ses pairs africains. Mais pour le président Wade ? Hier fervent disciple du Kadhafisme, aujourd’hui le qualifiant de dictature qui a duré 42 ans ? Pour les faveurs du président Sarkozy qui a quand même introduit le fils Karim dans la cour des grands en le présentant au président Obama lors du sommet du G8 ?
Toujours à propos des positions «originales» - ou singulières – par rapport au problème libyen. J’ai été mandaté par le maire de F’Dérick, localité du nord du pays, pour exprimer une proposition à Kadhafi. Lui, Ould Bolle, président du parti de «lefoueysdine» (les idiots, les diminués…), maire de F’Dérick, est prêt à abandonner tous ses postes pour Kadhafi. Son parti, sa mairie, en contrepartie de son départ et de celui de sa famille de Libye. Lui, Ould Bolle s’engage à lui disponibiliser quelques tentes en plein désert, de bonnes chamelles de traite, en plus du parti qu’il dirige et qui semble être le plus grand parti du monde. «Il y a deux catégories de gens : ceux qui se fâchent quand on leur dit qu’ils sont membres de notre parti, ceux-là sont des membres fondateurs, et ceux qui se taisent, ceux-là en sont membres par acquiescement», explique Ould Bolle qui n’a jamais profité lui des faveurs du Guide libyen.