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mardi 24 mai 2011

Ils sont fous, nos compatriotes

Je suis parti la veille à Adis Abeba avec la délégation présidentielle qui doit assister aux sommets de l’Union Africaine. C’est naturellement par le net que j’apprends que notre grande vedette de la chanson – et de l’art mauritanien en général -, Dimi Mint Abba a été victime d’un malaise grave qui l’a conduite aux urgences d’un hôpital de Lâayune où elle était en visite. La manière avec laquelle l’information est donnée est choquante à plus d’un titre. Comme si les auteurs se délectaient des malheurs des autres. Comme s’ils avaient toujours souhaité le pire pour celle qui a porté l’art mauritanien au firmament, pour celle qui a contribué à le populariser, le mettant au niveau de la masse, brisant le monopole de l’élite aristocratique.
Les enregistrements des années 80 – mais aussi fin des années 70 -, 90 et au-delà ont largement contribué à populariser la musique maure, désormais à la portée de tout celui qui avait un magnétophone. Sa voix, restée inaltérée tout ce temps, sa simplicité, sa disponibilité vis-à-vis de son public, lui ont permis d’avoir un style et une aura. Aussi a-t-elle pu conquérir les scènes extérieures, particulièrement celles de l’espace Bidhâne. Ce n’est donc pas un hasard si elle se trouvait au Maroc quand elle a été malade.
Nous avons à lui rendre hommage et à lui souhaiter prompt rétablissement. Lui rendre hommage et à travers elle le rendre à sa famille et à l’ensemble des griots qui a tant donné à la Mauritanie moderne. Je ne parle pas ici de l’apport des griots aux temps anciens, mais plutôt de leur contribution dans l’édification d’un Etat moderne. Les chants de Sidaty Ould Abba, Isselmou Ould Nevrou, Ahmedou Ould Meydah et sa fille Mahjouba, Mounina Mint Eleya, de Ousmane Hamadi Diop, pour ne citer que ceux-là, ont été essentiels dans le renforcement de l’unité nationale et dans l’ancrage d’une idée de Mauritanie possible.